Garry Winogrand : wild side

Torsions de nuque, pluies fines de tendresse ou d’indifférence, filles en pagaille et foules parcourent l’œuvre de Garry Winogrand (1928-1984). Trop tôt disparu, il n’a pu parachever sa rechercher ni exploiter la masse prolifique de ses instantanés en noir et blanc  (65000 pellicules, 250000 clichés).

L’ironie y est omniprésente. Elle dresse  un portrait particulier des Etats-Unis des années 1950 jusqu’au début des années 80. L’artiste y photographie les rues américaines et complète - à titre égal - les travaux sur le même registre des Walker Evans, Robert Frank, Lee Friedlander et William Klein. 

 

Se découvre un pays qui à la fois doute mais reste gonflé d’espoir et d’énergie. Le photographe le suggère sans le moindre ersatz de démonstration criarde. C’est en filigrane et par incidentes que le photographe embrasse les êtres humains. S’y découvrent entre autres la fraternité des femmes entre elles, les amours artificielles lorsque le corps devient  propos d’un « usage communal ».

 

Sans le suggérer par de grands cris plastiques de colère, en habile stratège Garry Winogrand rend paradoxalement le monde plus léger. Mais  chaque image est non une projection de rêverie mais de vérité. Le photographe joue sur les jeux de la lumière là où pèse le poids de certaines défaites.  A travers son esthétique le photographe ne cherche pas à offrir une consolation. Et pas plus une supplique.  La seule « vérité » est celle la beauté. Elle devient plus qu’un élément d’appréciation subjective :  l’arme afin d’illustrer ce qui est superficiel mais qui reste le témoignage de la vie telle qu’elle est et où, souvent, au milieu de la foule, le  visage exprime sa solitude.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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