A corps perdus, accords ouverts : Fred Deux ou le bénéfice du trouble

A la fois prédateur et proie Fred Deux cherche toujours un état particulier : celui où il est près du monde mais où il reste aussi ailleurs. Cet acmé est capital car il lui permet de saisir ce qui lui échappe : « il faut pour dessiner avoir une descente sous les pieds » dit-il. Dépossédé,  il parvient  à une création aussi noire ou colorée que pâle, aussi sensuelle que janséniste sous l’effet du graphite. Ce dernier demeure l’arme fatale pour  saisir circonvolutions mais surtout involutions inconnues. Soudain tout est soupçonné comme aux dépends des doigts. Le noir pousse le blanc et le blanc le noir. On ne sait qui habite qui,  ni comment. Il y a ce qui coule et de qui remonte. Emerge ce qui se branche pour le seul bénéfice du trouble. Et cela avec un seul mot d’ordre : « J’écoute, j’écarte, j’attends ». Une intense, douloureuse et presque silencieuse fraternité lie la lumière à l’ombre où nous nous cherchons. Le dessin primitif, ressaisi, se donne en partage loin de l’illusion réaliste et sans le moindre artifice.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Fred Deux, "Le desin à corps perdu, II", Musée de l’Hospice Saint Roch, Issoudun, 23 mai – 31 août 2014

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