Les buissons ardents new-yorkais de Broutin

 Broutin fut un des collaborateurs réguliers à la revue « Planète » qu’il illustra souvent comme il accompagne les textes de Ray Bradbury (entre autres). Il appartient au groupe du « Réalisme fantastique ». Ses dessins sont parfois  fortement marqués par la science-fiction et se caractérisent par une complexité subtile. Parfois aussi ils subissent un réductionnisme graphique presque street-art. Pour « mettre en scène » les habitants de New-York  qui grouillent comme des souris l’artiste a choisi logiquement cette seconde voie. Ses dessins dégagés paradoxalement de tout contexte prouvent que les hommes sont des grands malades motivés par leur queue et que les femmes les savent…

 

Cédant dans son délire new-yorkais à la tentation de la réalité Broutin ne la hante que par le sexe-hantise à travers ses silhouettes. Elles gardent la tranquillité des statues - mais pas forcément celle de la Liberté dans l’intensité de leurs fêtes païennes. A leur manière et par ce biais elles entrent en résistance contre les ordres et la bienséance. Elles y ouvrent des brèches. Les dessins comme les textes à répétition qui les accompagnent encouragent divers types de coït dans un accroissement de nulle part. Le reste - si reste il y a - possède l’épaisseur d’une hallucination, d’une locution proverbiale. Résumons. Regardant le monde de près l’on constate ici qu’il n’y a que le sexe (anal, buccal, vaginal qu’importe) pour enseigner le feu dans la cohorte humaine. Dans ces éclairs se perçoit le plus important : hors lui il n’existe pas plus d’identité que densité. Il faut donc exister avec lui sans autre vérité. Et que – bien sûr -  chacun(e) soit comblé(e).


J-P Gavard-Perret


Broutin, Les habitants de N-Y : faire l’amour, Editions Derrière la salle de bain, Rouen, 15 €

Aucun commentaire pour ce contenu.