Truphémus est le peintre d’une vie urbaine secrète. Dans certains de ses tableaux de café il n'incorpore qu'un seul figurant, prostré dans son attente ou sa méditation. D’autres inscrivent l'hébétude d'un couple n'ayant plus rien à se dire – version française des relations de couple chez Hopper. Choisissant surtout le format carré, plus rigoureux et plénier, associant le paysage urbain et le cadre intime Truphémus a peu à peu atteint une qualité de matière picturale qui résulte de la fusion, pouce à pouce, entre la trame linéaire et le grain chromatique. 
Avec la maîtrise de l'âge, le pastel libère sa spontanéité, permet la juxtaposition rapide des tons froids et des tons chauds, base de sa peinture. Dans sa maison du Vigan qui comporte aussi un ancien pigeonnier qui s'est soudain repeuplé. Truphémus observa ses nouveaux-venus et a peint le moelleux de leurs ailes et la grâce de leurs poses au pastel avec une candeur franciscaine comme si le peintre se souvenait de la fameuse phrase du Zarathoustra : Les révolutions les plus profondes se font sur des pattes de colombes. 
Juliet  plus qu’un autre, compris ce qu’il en est de la peinture de Truphémus . Les évocations de l'enfance – vécue et tout autant rêvée – de ses œuvres, lui permettent d'y retrouver  tout un monde oublié de sensations, d'odeurs et de couleurs.  Avec cet univers et depuis qu'il lui fut révélée Juliet ne se lasse pas de vivre avec en  un indicible bonheur dit-il.  
Il comprend, bien sûr et plus qu'un autre tant deux expériences se confondent , que Truphémus  eut quelquefois le sentiment d'isolement au milieu de ce qui se fait. Mais pour Juliet Il appartient à une espèce en voie de disparition. Celle  de la lignée de Morandi et ajoute l'auteur certains de ses paysages font penser à Giacometti, tout en étant essentiellement Truphémus, c'est-à-dire unique.

Jean-Paul Gavard-Perret

Charles Juliet, T.R.U.P.H.E.M.U.S., Jean-Pierre Huguet éditeur, mai 2020, non paginé, 15€