Erri de Luca & La parole contraire ou l’art du contrepied
Mais c’est bien mal connaître Erri de Luca, prix Femina étranger 2002 (Montedidio) qui se battra jusqu’au bout avec sa plume et sa conviction, sa rhétorique et son humour. Pot de terre contre pot de fer, on croise les doigts pour que l’argile triomphe…
Je revendique le droit d’utiliser le verbe « saboter » selon le bon vouloir de la langue italienne. Son emploi ne se réduit pas au sens de dégradation matérielle, comme le prétendent les procureurs de cette affaire.
Par exemple : une grève, en particulier de type sauvage, sans préavis, sabote la production d’un établissement ou d’un service.
Un soldat qui exécute mal un ordre le sabote.
Un obstructionnisme parlementaire contre un projet de loi le sabote. Les négligences, volontaires ou son, sabotent.
L’accusation portée contre moi sabote mon droit constitutionnel de parole contraire. Le verbe « saboter » a une très large application dans le sens figuré et coïncide avec le sens d’entraver.
Les procureurs exigent que le verbe « saboter » ait un seul sens. Au nom de la langue italienne et de la raison, je refuse la limitation de sens.
Il suffirait de consulter le dictionnaire pour archiver la plante sans queue ni tête d’une société étrangère.
J’accepte volontiers
une condamnation pénale, mais pas une réduction de vocabulaire.
François Xavier
Erri de Luca, La parole contraire, traduit de l’italien par Danièle Valin, Gallimard, 48 p.- 8,00 €
0 commentaire