Les Miscellanées du sexe

Si le concept des Miscellanées est de mélanger les serviettes et les torchons pour concocter un savoureux méli-mélo sur un sujet donné, force est de constater que parfois c’est assez ennuyeux. Le désordre est un art, il y en a de savoureux et d’autres insupportables. Sans doute les Anglais excellent-ils dans ce joyeux bazar puisque Les Miscellanées du sexe nous sont venues d’outre-Manche en 2009 via les éditions Contre-Dires. Le titre initial est The Miscellany of Sex, Tantalizing, Travels through Love, Lust and Libido.

 

Ce petit livre saute comme il se doit du coq à l’âne et la plupart du temps les propos sont non seulement assez rigolos, mais aussi instructifs, et les blagues fort heureusement peu nombreuses, car j’avoue que je ne suis pas bon public pour les grosses blagues sur le sujet. L’intérêt de ces miscellanées réside surtout dans le balayage très large de l’univers du sexe et de la libido. L’auteure nous balade dans le secret de l’intimité des hommes et des femmes, butine sur leurs pratiques, transgenres comprises et entrebâille les portes de l’Histoire (par ex. le sexe à l’époque victorienne), du cinéma, de la littérature, des  sciences, de l’internet, de la musique, et évidemment du langage (« Le français est la langue qui transforme l’obscénité en romance » disait Stephen King).

 

Quelques entrées sont convenues : ainsi on n’échappe pas à la feinte de l’orgasme chez la femme, mais on apprend des choses surprenantes sur les fétichistes dont certains sont très très curieux, des hommes qui font l’amour aux voitures ou aux trottoirs… Le sexe et le pouvoir célèbrent, entre autres, la grande Catherine et le chapitre aphrodisiaque enseigne que le poison pour les rats à dose infime provoquait au XIXe siècle une irritation délicieuse dans les organes sexuels.

 

Les premiers vibromasseurs à manivelle sont apparus à la fin du XIXe siècle, mais ils étaient thérapeutiques, destinés à traiter l’hystérie des femmes par un massage sur la vulve… alors qu’en Inde en 2007, un préservatif dont l’anneau de fixation vibrait a provoqué un tollé chez les hindous nationalistes qui ont accusé cet objet d’être un gadget sexuel déguisé.

 

L’histoire de la contraception est retracée de la Genèse à nos jours, étonnante parfois. Quant au village des Jeux olympiques, foi d’athlètes, ils ont toujours été apparemment des baisodromes, nécessitant le réapprovisionnement des distributeurs de préservatifs, 70 000 à Sydney n’ont pas suffi, il fallut en acheminer 20 000 de plus par ferry. À Salt Lake City 250 000 furent mis à disposition. Une ancienne championne de ski déclare innocemment que « ce n’est pas une orgie », mais que c’est « socialement très dynamique ». S’ensuit un chapitre sur les avantages et désavantages de l’amour avant une compétition ou un événement important.

 

Par contre ce recueil manque parfois de rigueur, car même sans être une as en mathématiques, je ne m’explique pas comment un homme bande (sans pour autant passer à l’acte) en moyenne 11 fois par jour dont 9 pendant la nuit, en ayant des érections pendant son sommeil toutes les 70 ou 100 minutes. À moins de dormir comme un loir…

 

Et je conclus sur cette sentence de Bukowski, page 114, « Les rapports sexuels, c’est donner un coup de pied au cul de la mort en chantant », placée en exergue du chapitre « Il y aura des accidents » dans lequel je relève qu’il y a des adeptes risque-tout qui se masturbent avec l’aspiration de l’aspirateur, mais attention : ils finissent parfois très amochés à l’hôpital.

 

Les Miscellanées du sexe seraient finalement plaisantes à publier en format numérique pour les compulser aisément dans les transports… 

 

Anne Bert

 

Francesca Twinn, Miscellanées du sexe, Éditions Contre-Dires, octobre 2009, 192 pages, 13,10 €

 

1 commentaire

En effet chère Anne, une bandaison nocturne toutes les 100 minutes supposerait en effet que le mâle dorme 15 heures… et veille seulement 9 heures pour deux misérables érections diurnes et conscientes. Un laps de temps suffisant toutefois pour manier l’aspirateur ou tourner cette fameuse manivelle… Et vous avez encore raison pour le format numérique : l’avantage de l’e-book dans les transports en commun, c’est que le vilain passager libidineux assis en face ne saura jamais que vous lisez les Miscellanées du sexe…