Fred Deux : le corps et son dess(e)in

Dans les dessins de Fred Deux la présence du corps est posée comme une énigme. L’artiste la parcourt par morceaux qui distendent son étendue. Le créateur se sent lui-même - lorsqu’il dessine - en descente et remontée « en prenant appui sur mes crayon crayons-béquilles ». Il se retrouve ainsi aux deux bouts « trajet de la mine aiguisée à la mine brisée ». Fred Deux ne cesse de faire dévier le corps en divers types de coupes et de transformations. Reste un mélange de secousses et de réseaux. La transfusion s’inscrit selon des organes étranges, des entrailles de cerveau en une concentration de gris et de lumière. L’angoisse peut s’étendre. Mais la jouissance tout autant. Le dessin déchaîne, somme, dissout mais fait aussi résistance au corps. Il ne s’agit pas d’exposer sa dépouille mais sa disponibilité.  Il y a là coagulation et lieu plus que nu. Le gris creuse, demande sa part : il est là, comme l’écrit l’artiste, pour « révéler et amener à dire : ça y est ».

Jean- Paul Gavard-Perret


Fred Deux, « Le Dessin à corps perdu, III », Musée de l’Hospice St. Roch, Issoudun, du 27 septembre au 14 décembre 2014.




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