Frédérique Nalbandian : peplos sans peplum

À celles et ceux qui estiment qu'importe le flacon pourvu qu'il conserve l'ivresse Frédérique Nalbandian apporte sinon un démenti du moins bémols et dièses, d'autant que les promesses d'aria et de gloria  finissent parfois en te deum déceptifs.

Dès lors avec Hygie et Panacée l'artiste renoue avec sa matière de prédilection, le savon brut et sans flacon, symbole de l’hygiène. De cette matière  encore chaude elle a réalisé trois représentations de Panacée dans une forme qui inclut les gestes augustes des lavandières et le classicisme des déesses antiques en leur peplos

Quant à Hygie, elle est sculptée dans un bloc de savon de deux mètres de haut et de plus d'une tonne.  Un documentaire présente les étapes de la sculpture. Il permet de mieux comprendre les enjeux  cette création originale. Les déesses y deviennent les protectrices de notre époque troublée.

L’artiste saisit, trempe, froisse, manipule, sculpte le savon. Hygie et Panacée personnifient ainsi la santé et le remède universel, là où la galerie devient un temple en résonance avec notre temps de pandémie. 

Le savon a priori propre à la disparition reste ici la matière solide qui résiste au temps. Les sensations de l’odorat, la vue, l’ouïe et le toucher sont sollicitées sous la forme "d’une osmose esthétique qui a lieu à travers la matière inerte” et nous convoque pour une histoire parallèle de la sculpture. Mais avec une certaine distance et un bon désherbage des illusions.


Jean-Paul Gavard-Perret


Frédérique Nalbandian, Hygie et Panacée, catalogue, Galerie Eva Vautier, Nice, du 8 mai au 12 juin 2021

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