Golem

Le futur, 2030 : L'Italie est une société pacifique et prospère : tous les désirs des citoyens sont assouvis immédiatement : chacun vit connectée en permanence à son « desmophone ». Dans l’ombre, certains marginaux, que les médias qui les présentent comme terroristes, refusent ce monde capitaliste et tentent régulièrement quelques coups d'éclat afin d’alerter leurs concitoyens. Sténo est un ado qui fait souvent le même cauchemar où un homme mystérieux lui demande de se réveiller

 

L’artiste italien, Lorenzo Ceccotti, alias LNRZ, travaille dans de nombreux domaines de l'art visuel. Il nous livre avec cet album hors-norme, une histoire de science-fiction époustouflante menée tambour battant et qui ne laisse aucun répit au lecteur.

 

Passé maître dans les changements de style, Lorenzo Ceccotti enchaîne les moments de bravoure  et ce, tout en façonnant un univers hallucinant et ne ressemblant à aucun autre. Porté par des dessins magnifiques, cette histoire à mi-chemin entre le comic book et le manga, entre le conte et le récit de super-héros, s’impose comme une œuvre impressionnante, vertigineuse et parfois un brin excessive dans sa générosité. Golem est la première bande dessinée de Ceccotti et j’ai le sentiment qu’il a jeté sur feuille toutes ses idées, de craintes de ne pouvoir les réutiliser par la suite.

 

Le scénario, un peu trop long, mêle SF, romance, cyberpunk, et action et peine à trouver un juste équilibre et sacrifie les enjeux thématiques amorcés par le sujet (la prédestination, la quête de soi, et la fuite du quotidien). Arrivé à la moitié de l’album, les enjeux passent au second plan pour laisser la place à l’action et cette faiblesse d’écriture altère un peu le plaisir.

 

Œuvre hybride, Golem ravive plein de (bons) souvenirs : on pense immédiatement à Akira, Matrix, ou Brazil ; mais des références tellement bien digérées que l’histoire prend une tournure unique. Il y a un sous-texte militant qui m’a aussi beaucoup séduit. Si on a parfois l’impression que Ceccotti n’a pas su trier ses idées, l’album finit par emporter l’adhésion grâce à une maîtrise visuelle impressionnante. On en ressort avec le sentiment que l’auteur n’a pas forcément su utiliser tout son potentiel : Golem est surtout la promesse de très bonnes choses à venir. Après Orphelins, on peut se demander si l’Italie ne serait pas l’autre pays de la SF ?

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

LNRZ (scénario & dessins)

Golem (récit complet)

Édité en France par Glénat (13 janvier 2016)

Collection Comics

280 pages

24,95 euros

ISBN : 9782344012060

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