Henri Michaux avant les restrictions

Cette réédition était plus que nécessaire. Elle plonge dans une expérience première de l'action humaine. Celle où le tout jeune enfant se met à dessiner en dehors de toutes contraintes et donc en une parfaite liberté. Il dessine alors ce qui est obligatoire pour lui :
Si ses mouvements restent imparfaits et ses muscles insuffisamment exercés, d’invisibles impulsions le parcourent, (...) Plus que l’adulte, l’enfant s’imagine volant, planant, grimpant, galopant ou nageant comme un poisson, rampant comme un reptile. Voilà qui est loin du dessein primordial de l’adulte qui est de fixer, et en peinture d’établir des constats visuels. 
Nous sommes donc bien ramenés aux racines de l'expérience existentielle et artistique par ce retour amant qui retarde la socialisation qui va écraser l'imaginaire au nom de poncifs de maîtrise et ce que Michaux lui-même nomme l’enrégimentement adulte. 
À cette époque première l'enfant peut croire miracle et dire l’Inconnu qui se cache dans l'inconscient qui peu à peu va se retrouver caché au nom de la raison et sa sécheresse. Toute technicité restera qu'un "misérable mracle" comparables à d'autres dont l'auteur parlera.

Jean-Paul Gavard-Perret

Henri Michaux, Les commencements, Fata Morgana, septembre 2023, 48 p.-, 14€

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