Accompagnée par les notes en gouttes d’eau de sa karimba, Rou captive.
Sa voix porte une fragilité et une élégance
sensuelle. L’artiste refuse
toute démesure ou exubérance. Elle navigue parmi le réel afin de le rendre plus
féerique avec simplicité, clarté, concision. Et poésie surtout. « Incarnate »
navigue entre sobriété et une forme d’énigme. Même les situations à teneur
sexuelle perdent de leur superbe et s’éloignent de la volonté de susciter des réactions
affectives. L’album devient un voyage. Tout rapport humain y est différé mais
en même temps la musique appelle à la fusion.
S’y perdre
est à la fois un plaisir et une angoisse. Rou ouvre au plaisir d’une découverte
à l’image de la femme ou de l’horizon qui surgit de ses cinq pièces. Elles rapprochent
du corps ou de l’espace sans jamais l’abîmer. C’est aussi le moyen de réparer
le temps, de le suspendre. Quelque chose de l’ordre du désir s’engouffre en une
sorte d’absolu. Le vivace côtoie le lacunaire. Et quand une ombre se dissipe
une autre apparaît. Forcément ce qu’on nomme réalité perd sa stabilité de manière
subtile. L’essence de la musique est mise à nu à travers ce qu’elle interroge.
Elle transforme l’auditeur un somnambule. Un lumineux éphémère s’installe face à
la nuit et au silence. Prenant et étrange.
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