Juliette Lemontey : dévisageité

Avec Juliette Lemontey,  du visage ne reste parfois qu’ un ovale sans voix, sans figure. Le cri est interdit. Autant à la joie qu’à la douleur. Qu’en est-il donc de l’être ?
Par cette vision en esquisse l’artiste crée une tension.

Comment savoir qui se cache sous les cheveux ou dans une sorte de vide ? Immobile et mouvante l’œuvre frissonne d'une plasticité particulière sur laquelle on ne peut porter un jugement moral. Toute interprétation peut sembler interdite. Car que peut-on en dire ? Reste une sorte de silence ou d’interrogation. L’artiste nous fond là où tout de dissémine.

Le portrait est intelligent, parfois drôle et toujours énigmatique. Passionnant aussi de bout en bout entre grande et petite histoire que le voyeur ne peut que subodorer. La vérité de principe, d’apparence ou d’appartenance est remisée loin des présupposés.

Ce qui n’empêche pas d’inventer des légendes selon des choix qui répondent le plus souvent à ce que nous désirons voir. Juliette Lemontey prouve que l’art n’est pas fait pour théoriser mais pour fomenter des incartades passionnantes et plus intéressantes que les feintes de réalité d’une représentation au cordeau.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Exposition du 5 décembre 2018 au 6 janvier 2018, Galerie Gilles Naudin, 3 rue visconti 75006 Paris

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