Les Observations sur la peinture de Pierre Bonnard : tout n’est que beauté !

Peintre poète parmi les plus accomplis, Pierre Bonnard a réussi à offrir au monde une présence émerveillée qui aura brisé le miroir de la mélancolie : face à sa peinture, le désespoir fond comme neige au soleil. Il faut croire en la beauté, nous dit-il en substance car c’est la fraîcheur du renouveau, l’accomplissement d’un autre monde possible qui est ici (dé)montré sur la toile. Pour cela, Bonnard va s’atteler à prendre des notes, à réaliser des centaines de croquis, autant d’esquisses pour témoigner de cet instant éblouissant enfin capturé et restitué sur la toile pour être transmis tel qu’il fut éprouvé, ressenti, admis comme alchimie de l’impossible. Défi relevé !

 

La convention et l’image.

Travailler des morceaux en cachant le reste du tableau.

(24 décembre 1934)

 

Pierre Bonnard est un œil : il observe, scrute, épie et par la magie de son art, réussit à voir ce que nous ne faisons que deviner, percevoir au grand maximum ; alors il peint pour nous ces merveilles, pour mieux nous signaler nos errements et nous guider vers cette beauté poétique qui nous fait tant défaut…

On trouvera ici, parmi ces notes, des réflexions consignées dans son agenda, et quelques croquis. Les "observations", semées telles des notes sur une partition picturale, réaffirment ce sentiment de pénétrer en catimini dans un sanctuaire de la création. Elles confirment combien Bonnard hésitait et n’avait de cesse de trouver quels moyens utiliser pour traduire son émotion visuelle, cette séduction ou idée première à qui tout, désormais, devra être soumis.

 

Certaines beautés de la nature sont intraduisibles sans de grandes dimensions.

 

Pierre Bonnard est obnubilé par l’idée de sincérité absolue dans son entreprise de reproduction : sa peinture doit impérativement rendre compte de tout ce qui émane du sujet. Et en priorité la transcription de la lumière ! Son dessin ? Il est la sensation même, dans son élan premier. Sa couleur ? Elle n’est que spontanéité, mais cependant raisonnée…

 

Le dessin, c’est la sensation. La couleur, c’est le raisonnement.

 

Il n’y a qu’à (re)lire le petit chef-d’œuvre de Guy Goffette, Elle par bonheur et toujours nue, pour admettre définitivement notre admiration devant les tableaux de Pierre Bonnard car « rarement un peintre aura réussi à concilier dans son art un tel amour de la vie, et une telle intelligence de la peinture » (A. Terrasse).

 

Le peintre doit avoir par moment un métier de modiste.

(29 mai 1940)

 

François Xavier

 

Pierre Bonnard, Observations sur la peinture, préface d’Alain Lévêque, introduction d’Antoine Terrasse, dix reproductions couleur, L’Atelier contemporain, janvier 2015, 70 p. – 15,00 €

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