Laure Forêt : exercices de fragilité

Laure Forêt saisit le fantôme du monde par effet de surface et de peau. D’où ce jeu qu’elle instaure entre apparence et présence, superficialité et profondeur.
La matière - quelle qu’en soit la nature - devient vibration, faille, présence, couture et interstice.

Rien d’anecdotique dans des effets d’ourlet et de surface, de souffle et de tatouage subtils. L’image est travaillée par le temps et ses effets, mais l’artiste transforme ce qu’il produit et qu’elle donne à voir par la "transgression" délicate des formes et des couleurs.

 

La créatrice dirige plus loin que l’apparence vers un autre horizon là où le monde devient sensible à une lumière qui éclaire ce sur quoi elle bute pour mieux y faire entrer. Une vision neuve se rapproche à même la désirance de telles "peaux". afin d’engendrer un dialogue avec l’indicible au-delà des apparences.

Existe bien une Forêt de songes.
Avec des couleurs claires et parfois à l'intérieur le rouge sang de l'ouverture. Le monde qui nous hante est là, il est hameçonné de manière précieuse et l’artiste entraîne dans une complicité.
Elle nous fait passagère de ce qui ne fait pas que passer mais qu’elle retient selon des prises à la douceur piquante, exquise. Son regard est posé, centré, sur l’objet, elle lui fait face et il n’y a pas moyen d’y échapper.

Laure Forêt reste à ce titre la dentellière de l’ombre et de la lumière par le prisme des formes et des couleurs. Elles se touchent comme celle d’un arbre. Espérer voir dedans. Ou à travers. Et à défaut : tenir encore, tenir. Entre chair et écorce.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

À fleur II Galerie Hors pair(e) ESPE et Bibliothèque universitaire, Campus de Damigny, Alençon ; 17 février - 15 avril 2018
Myriam Hornard et Laure Forêt, L'Usine Galerie, Liège (BE), 3 mars - 30 avril 2018.

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