Les transsubstantiations de Marc Pessin

À l'occasion de l'exposition Library, la galerie Le 116art présente quatre livres de bibliophilie de Marc Pessin et de ses éditions, Le Verbe et l'Empreinte:
- Le bibliotaure avec un texte original de Pierre Péju calligraphié par l'artiste imprimeur de Saint Laurent du Pont et accompagné de 16 photographies originales de Géo Ichtchenko ;
- Le grand testament, texte de Régis Roux rehaussé de 15 gravures originales du graphiste ;
- Vienne quelqu'un d'Anise Koltz avec 17 peintures à l’huile sur papier du graveur ;
- enfin L'heureuse défaite de Sylvie Fabre.G avec 4 gravures originales de Marc Pessin.

Se retrouve non sans émotion le travail de celui qui avec le noir et le blanc, la gravure et le gaufrage crée des rapports de diffractions multiplicatrices de ce qui communément s'appellent des gouttes de textes. Une transsubstantiation a lieu de diverses manières. Le graveur  invente des frémissements à l'intérieur des textes pour lesquels il laisse ses empreintes. Les laves brunes des mots sur l'écume des supports sont métamorphosées par ce que Marc Pessin n'a cessé d'inventer et qui n'appartient qu'à son geste précis de démiurge discret.

Le poème devient spectacle. Ce qu'il ne dit pas, l'invention graphique l'exprime dans un théâtre qui n'a plus de rideau : l'image à l'affiche souffle les mots qui soudain se "récitent" sur de telles "planches" de vie. La forme fixe des signes ne s'écrase plus sur les rivages du papier car Pessin donne foi à de nouvelles augures. Elles jaillissent des vocables qu'en poète lui même, l'artiste recrée selon le loi fluctuante mais précise de sa grammaire.


Jean-Paul Gavard-Perret


Marc Pessin, Library, galerie Le 116art, Villefranche sur Saône, janvier 2021

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