Ben Lesser : pour que les mémoires vivent

En guise de témoignage d'une vie à la fois détruite (par les nazis) et recomposée (aux USA) Ben Lesser écrit ici le livre qui lui tenait à cœur. Et ce au nom des siens et afin que cesse l'oubli qui plane désormais sur la Shoah – ses rescapés devenant de plus en plus rares.

L'auteur est né en Pologne en 1928. Ses parents, ses frères et deux de ses sœurs furent assassinés par les nazis. Déporté à l'âge de 16 ans il survit aux séjours dans plusieurs camps et est sauvé d'une marche à la mort à Dachau par l'arrivée des alliés.

En sortant tel – et comme il l'écrit – "un squelette ambulant" il se retrouve aux USA dont il ne connaît même pas la langue. Sans diplôme – et pour cause – mais grâce à un tempérament d'exception il se prend en main, fonde une famille et devient un des grands agents immobiliers de Californie.

Celui qui arriva aux USA tel "un réfugié, un blanc-bec" a donc poursuivi et réalisé son propre rêve américain. Au crépuscule de sa vie il n'oublie pas d'où il vient. Il créa la Fondation Zachor en 2009 et ne cesse de témoigner de l'horreur des camps afin de préserver la mémoire des disparus et espérer que l'innommable ne se reproduise pas.
Son livre-témoignage est le point d'orgue à cette lutte organique. Il est écrit dans une langue qui sans tomber dans la pathos dit l'innommable de la manière la plus abrupte possible.

Jean-Paul Gavard-Perret

Ben Lesser, Le Sens d'une vie – Du cauchemar nazi au rêve américain, traduit de l'anglais (USA) par Blandine Longre, éditions Notes de Nuit, 2019, 230 p., 20 euros

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