Auteur de la chronique en vers La Philippide, Guillaume le Breton (1165-1226) écrit que Caen est une ville forte riche, spacieuse, belle de ses rivières, de ses prairies, de son port de mer plein de navires chargés de marchandises ; elle se pare de tant d’églises, de maisons et d’habitants, que c’est à peine si elle se reconnaît inférieure à Paris. 
Comme un écho à ces mots, quelques siècles plus tard, Madame de Sévigné, à jamais grande voyageuse, notait à son tour que Caen est la plus jolie ville, la plus avenante, la plus gaie, la mieux située, a les plus belles rues, les plus beaux bâtiments, les plus belles églises ; des prairies, des promenades, et enfin elle est la source de tous nos beaux esprits.
Encore quelques siècles, nouveau prolongement, Françoise Surcouf nous invite à la suivre dans les rues de la ville, à visiter ses monuments et à découvrir ses secrets.
Dans un joli petit livre auquel l’harmonie des tons choisis pour son impression donne une unité visuelle originale et plaisante, elle relate avec une égale aisance et une identique érudition des faits historiques oubliés ou ignorés, elle rend vivantes les personnalités qui ont vécu ou séjourné à Caen comme Mathilde, l’épouse su Conquérant, et Brummell, l’élégant dandy devenu fou, elle livre les secrets de ses spécialités culinaires en proposant de déguster un morceau de pain brié ou une part de teurgoule et enfin dévoile les légendes d’un territoire que les divinités semblent avoir privilégié depuis toujours.
Le lecteur va ainsi aller des grandes abbayes à la maison des Quatrans, monter jusqu’au vaste château fortifié qui couronne la ville et poursuivre en direction du célèbre Mémorial tout en évitant la bête de Cinglais, une créature peut-être pire selon l’auteure que celle du Gévaudan ! Un guide vivant et utile à lire avant de partir vers la Normandie.

Dominique Vergnon

Françoise Surcouf, Guide secret de Caen et de ses environs, 128x188 mm, illustrations, éditions Ouest-France, février 2023, 144 p.-, 15€