Lionel Shriver, Big brother : une fable cruelle

C’est avec plaisir que Pandora s’apprête à aller chercher son frère Edison à l’aéroport. La jeune femme d’affaires absorbée par son travail et ses deux enfants adoptifs ne l’a pas vu depuis quatre ans quand il s’invite  dans sa famille.


Le choc est immense : elle a quitté un jeune jazzman newyorkais, doué, élancé, bourreau des cœurs et elle découvre un obèse en fauteuil roulant qui peine à se déplacer.


Que s’est-il  passé pour que le bouillonnant Edison se soit transformé en ce personnage égoïste  qui ne pense qu’à manger des quantités astronomiques de nourriture et à parler de sa gloire éteinte ?


La confrontation entre le frère et le mari et les deux adolescents de Pandora est explosive. Fletcher le mari psychorigide qui ne tolère qu’une alimentation peu calorique met bientôt dans la balance l’amour de sa femme contre l’intérêt trop important à ses yeux qu’elle porte à son frère.

Se sentant responsable de l’obésité d’Edison, elle décide de consacrer toute son énergie à lui faire suivre un régime drastique.

 

Dans cette fable cruelle, Lionel Shriver, l’auteur de « Il faut qu’on parle de Kevin » dénonce le rapport des Américains à la nourriture, dans un pays où Il y a bien longtemps que les aliments n’ont plus pour vertu première de nourrir mais de guérir manques et névroses. Leur abondance dans les pays développés est aussi dangereuse que la faim dans certaines régions. Excès et restrictions mènent de façon tout aussi certaine à la mort.

 

De ce sujet universel, Lionel Shriver greffe des personnages et une histoire qui laissent un profond sentiment de malaise : que peut-on faire face à un cas d’obésité aussi morbide ?  Y a t-il une solution ? L’habileté de l’auteur est totale et le rebondissement final des plus habiles.


Brigit Bontour


Lionel Shriver, Big brotherBelfond, septembre 2014, 448 pages, 22,50 euros

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