Vers les épuisements prochains : Victor Segalen

Jeune médecin de la marine, Victor Segalen est affecté à Tahiti en 1903. Il ignorera  Paul Gauguin, mort l’année précédente, mais en dresse un portrait publié pour la première fois dans le Mercure de France en 1904. Il est saisi par le paysage :  De l’eau bruit partout, crève sur la montagne, détrempe le sol, serpente en rivières au lit de galets ronds. Tout vit, tout surgit, dans la tiédeur parfumée des étés à peine nuancés de sécheresse, tout : hormis la race des hommes.
Ceux rappellent Segalen  agonisent, ils meurent les pâles Marquisiens élancés. Ils sont sans regrets, sans plaintes, ni récris, ils s’acheminent vers l’épuisement prochain. Pour autant en tant que contre-face Segalen est certes fantôme mais là. Il  remonte,  réflexions métaphysiques et poésie mais de facto en cette distance mais proxémie il évoque l'existence tahitienne du peintre.
Il a suivi sa trace par son écriture  tout imprégné de la culture Maorie et de son tragique présent. Se révèle le lien profond qui, sans qu’ils ne se soient jamais rencontrés des  deux créateurs. Ils sont saisis par la beauté spirituelle et les mystères de ces paysages et de leurs civilisations. Et Segalen invente une acmé.

Jean-Paul Gavard-Perret

Victor Segalen, Gauguin dans son dernier décor et autres textes de Tahiti, nouvelle édition, illustrations de Paul Gauguin, présentation et notes d'Anne Joly et Dominique Lelong, Fata Morgana, mars 2024,  152 p.-, 24€

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