François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778), écrivain et philosophe français du siècle des Lumières.

Zaïre de Voltaire : Résumé


Résumé : Zaïre de Voltaire (1732)

 

Orosmane, soudan de Jérusalem, est un jeune et beau Tartare qui, dans ses luttes avec les chevaliers chrétiens, s’est formé aux vertus chevaleresques. Parmi les esclaves qui peuplent son sérail, se trouve une jeune fille, nommée Zaïre, échappée dans son enfance au massacre de Césarée, et que l’on croit chrétienne, quoique élevée dans la foi musulmane. Le soudan l’aime et veut l’épouser, et Zaïre, touchée de cet amour qu’elle partage en secret, avoue le sien à Fatime, son amie, esclave comme elle du soudan, mais chrétienne.

 

Rien ne parait s’opposer à leur bonheur, lorsqu’arrive un chevalier chrétien à qui Orosmane a permis d’aller en France chercher la rançon de quelques captifs : il somme le soudan de tenir sa parole, et Zaïre est au nombre des esclaves qu’il veut racheter. Quant à lui, il vient reprendre ses fers. Le soudan admire tant de générosité, mais il est deux prisonniers qu’il ne peut échanger contre aucune rançon, c’est Lusignan, ancien roi de Jérusalem, dont il craint encore la rivalité, et Zaïre qu’il destine à partager avec lui le trône. Comme Nérestan insiste pour obtenir la liberté de Zaïre, cette insistance fait naître le soupçon dans le cœur d’Orosmane. Plus il veut échapper à la jalousie, plus celle-ci le poursuit.

 

Cependant le vieux Lusignan est libre et c’est Zaïre qui a brisé ses fers : elle l’annonce aux prisonniers chrétiens, qui tombent aux pieds de leur ancien roi. Celui-ci apprend que c’est à Nérestan et à Zaïre qu’il doit sa liberté : bientôt, à la croix que porte Zaïre dès sa naissance, et qu’elle n’a jamais quittée, à la blessure dont la cicatrice est au sein de Nérestan, il découvre que l’une est sa fille et l’autre son fils. Mais quel coup affreux pour le malheureux vieillard de retrouver sa fille musulmane !

 

Zaïre ne peut résister à la voix de son père et se reconnaitre chrétienne. Lorsqu’Orosmane vient la chercher pour la conduire à la mosquée, elle refuse de l’y suivre, et s’éloigne pour cacher ses larmes. Orosmane, qui d’abord ne peut comprendre son refus, s’écrie tout à coup : Si c’était ce Français ! Et la jalousie renait dans son cœur plus violente que jamais : il fait fermer les portes du sérail ; il veut que la terreur y règne. Quelle n’est pas sa fureur lorsqu’il intercepte un billet que Nérostan écrit à Zaïre pour lui donner rendez-vous hors du palais ! Il fait remettre la lettre à Zaïre lui-même, à la faveur de l’obscurité, se tient caché sur son passage ; et lorsque, suivie de Fatime, elle sort de son appartement et demande, en entendant le soudan qui avance : « Est-ce vous, Nérestan ? » Orosmane lui plonge son poignard dans le sein. On amène Nérestan enchainé. Le soudan lui montre le cadavre de Zaïre : « Ah ! que vois-je ! ah !ma sœur ! » s’écrie le chevalier chrétien. « Sa sœur ! qu’ai-je entendu ? » reprend Orosmane atterré. Nérestan et Fatime l’accablent de reproches. Mais, tout à sa douleur, il ne leur répond qu’en faisant mettre en liberté tous les prisonniers chrétiens puis il se tue sur le cadavre de Zaïre.

 

Zaïre fut composée, à ce que nous apprend Voltaire lui-même, pour répondre au reproche qui lui avait été fait de ne pas mettre assez d’amour dans ses pièces. Quelques critiques prétendent que cette tragédie n’est qu’une pâle imitation de l’Othello de Shakespeare. Dans la tragédie anglaise, c’est un More qui, malgré sont teint noir et son âge déjà mûr, a obtenu, par l’éclat de ses victoires, l’amour d’une noble fille de Venise, Desdémone, et l’a épousée. L’intérêt que celle-ci prend à un officier en disgrâce et les lâches insinuations d’un ami perfide, éveillent la jalousie d’Othello : un mouchoir qu’elle perd et qui se retrouve dans les mains de l’officier porte au comble la fureur d’Othello, qui entre la nuit chez sa femme, l’étouffe entre deux oreillers, puis se tue en apprenant qu’elle est innocente. On reconnaît dans Zaïre la Desdémone du tragique anglais, et Othello dans Orosmane. Seulement ce qui constitue l’action dans la tragédie de Voltaire, c’est le combat qui se livre dans le cœur de Zaïre entre ses devoirs de fille et de chrétienne et sa tendresse pour Orosmane. L’élément chrétien et chevaleresque que Voltaire a introduit avec le personnage de Lusignan en relève singulièrement le mérite.

 

Zaïre est une tragédie touchante et remarquable par la pureté du style. Lusignan, retrouvant sa fille musulmane et sur le point d’épouser Orosmane, fait entendre les accents les plus pathétiques et les plus nobles qui soient échappés au génie dramatique de Voltaire.

 

 

[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]

 

»Voir la biographie de Voltaire

 

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