Brêve Escapade de Zouc la recluse


 

On croyait Zouc recluse à tout jamais à  Saignelégier chef-lieu des Franches-Montagnes. Mais nul parmi les plus vieux (ou les pas si jeunes que ça) garde en mémoire sa silhouette, son visage en caoutchouc  et son humour incomparable. Née en 1950 d’un père ingénieur et d’une mère pianiste, elle a une enfance agitée : à  l’église en  passant devant un gisant elle criait: «Il a bougé!». A l’école elle chantait «trouducul» lorsqu’elle se faisait renvoyer de la classe avant de tirer toutes les chasses d’eau de l’école pour créer un typhon dans le Jura. A 16 ans elle rentre  au Conservatoire de Neuchâtel puis de Lausanne. A la même période elle séjourne en hôpital psychiatrique  avant de quitter se Sauisse natale pour Paris où elle joue dans «Jeux de massacre», d’Ionesco. Elle fait la rencontre de son mentor : Roger Montandon et Michel Roche son compagnon. En 1970 elle présente son premier spectacle : «Alboum» à la Vieille Grille. De 1987 à 1989 elle présente sont dernier spectacle  «Zouc au Bataclan» à Paris puis en tournée. Entre temps et postérieurement elle joue au cinéma. Son dernier rôle est dans  «Roi blanc, dame rouge» de Sergueï Bodrov.  Suite à un cancer elle est atteinte d’une maladie  nosocomiale suivie de neuf autres  qui la laisseront handicapée.


Celle qui quitta la scène à 39 ans reste pour les comiques du temps une inspiration, beaucoup lui vouent un culte intact. Elle ouvrit la porte aux Deschiens à Madeleine Proust et à bien d’autres. Rares sont les comiques capables de faire passer sur scène l’humanité que l’artiste proposa à travers sa révolte, sa défense des minorités et sa sensibilité qui la mena jusqu’à un hôpital psychiatrique, dont elle tirera quelques portraits pour ses spectacles. Capable d’un comique au cordeau l’artiste fut d’une finesse rare. Elle restera irremplaçable avec ses ponctuations devenues proverbiales : «Ecoute voir», «tout partout», «gelée de froid», «Fais tes tâches pis ramasse ton commerce!», etc. Sortant de presque nulle part, habillée de noir, elle est venue à la Nef, au Noirmont, recevoir le Prix des Arts, des Lettres et des Sciences, une distinction quinquennale de la jeune République du Jura. La cérémonie fut simple et touchante. Refusant de rencontrer la presse, au ministre qui fit son éloge elle répondit :  «Tout ce que vous avez dit me laisse sans voix.» Le show est bel et bien terminé mais ses traces demeurent intactes.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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