Angie David : orgueil et préjugés

Cinq personnages aux destins bien différents, décident (si l'on peut dire) de s'associer pour essayer de comprendre ce qui leur arrive. Il y a quatre amies, qui se connaissent depuis le lycée, à Nouméa. Elles s’offrent pour leurs 40 ans un week-end dans un village perdu de la Drôme chez un cinquième larron, écrivain raté, qui a troqué ses illusions littéraires contre une idéologie "collapsiste".

Trois des héroïnes, empreintes de progressisme sont enclines à partager  les idées à la mode. La quatrième (et narratrice) enceinte d’un premier enfant, se montre plus distante envers les modalités postmodernistes.

Se jouent, d’un côté, les liens amicaux voire plus entre ces femmes, et de l’autre, les dissensions politiques qui existent quand elles abordent les questions liées entre autre à la culture woke. Néanmoins de conversations en disputes,  l’amour qui les unit se révélera plus fort.

Elles se comprennent (plus ou moins) mais il s'agit en quelque sorte de se soigner ensemble. Ce qui n'est pas simple dans une région perdue et une maison abandonnée où le narrateur – qui a initié cette aventure –  impose ses règles étranges. Elles ressemblent à celle d'une secte.
Reste à savoir de quelles maladies  elles sont les victimes. Mais par delà se dessine un portrait acerbe de notre monde et de nos préjugés. La narratrice restera la seule à vraiment se "vacciner". Elle vit en vrai auprès des illusions des autres.

Ce livre marque un tournant dans l’œuvre d'Angie David. La fiction sert à faire apparaître le réel et les cinq personnages sont sans doute des faces de l'auteure. La narratrice finit par la rejoindre dans un dénouement quasi autobiographique.

Jean-Paul Gavard-Perret

Angie David, L'échappée, Léo Scheer, septembre 2021, 180 p.-, 17 €

(Note de la Rédaction : Angie David est directrice des Éditions Léo Scheer)

Aucun commentaire pour ce contenu.