Anne Goscinny, Le Bruit des clefs : La lettre au père

C’est une lettre à son père disparu trop tôt. Elle n’avait que neuf ans, la vie la mort, des notions bien abstraites pour une petite fille. Elle a entendu un trousseau de clé qui tombait sur le meuble de l’entrée. Elle a vu sa mère seule, ils étaient partis à deux.

 

On lui a dit « il est mort », elle n’a pas tout compris. « Je voulais un lundi comme les autres … Pas un lundi avec un mort dans mon cartable ». On lui a expliqué qu’il était parti faire du vélo pour voir si son cœur fonctionnait bien. On appelle cela un test d’effort, normalement ce n’est pas fait pour en mourir. Dix ans plus tard, elle va voir le médecin et lui annonce « Je viens vous buter » et puis aussi : « C’est ce vélo-là ? »

 

Anne Goscinny est la petite sœur d’Astérix et Obélix. Comme eux, elle a un don certain pour les mots et la façon d’en user. Comme eux, elle a un père éternel et gai. Mais elle est la seule qui puisse l’appeler papa. C’est une lettre qui chante l’amour et puis l’absence, une lettre qui évoque le manque et la substitution, il est à parier qu’au Paradis des Génies, René Goscinny découvre son courrier avec la plus vive émotion.

 

Stéphanie des Horts

 

Anne Goscinny, Le Bruit des Clefs, NiL, « les Affranchis », septembre 2012,  7,50 €


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PCL

Pour faire un lien entre les deux articles sur le salon, ici, la critique de FAL.