Aux carreaux de l'enfer : Anne Van der Linden

Dans la fantasmagorie copulatoire d'Anne Van der Linden le plaisir est de mise mais la douleur n'est jamais loin et tout aussi prégnante.
Le désir attire mais la jouissance tue. Satan trismégiste  est de toutes les parades. Il veille au grain et devient l'outil de la tentation mais tout autant le dépeceur des corps.

C'est à se demander si nous sommes encore sur terre (sauvage) ou dans l'enfer. Ni les hommes ni les femmes ont le parfum de l’amour mais plutôt celui de la sueur et des fumées issues de flammes qui les consument de l'intérieur.

Un tel univers crée des fantasmes très particuliers là où les organes dits reproducteurs servent d'outils d'entrées ou sorties paradoxales.
Inutile, en de telles apparitions, de trouver un morceau de ciel. Le soleil hors champ est sans doute rouge et déjà d'un autre monde. Les monstres peuvent donc se faire tourner eux-mêmes en bourriques dans leur brutalité "sentimentale"..

 


Semblables, frères et sœurs sont des damné(e)s dont les succès et exploits restent damnés et illusoires. Mais surgit, par la puissance des formes et de couleurs, l'apparition d'émotions froides, transversales d'un univers sale...
Les personnages ne prétendent à rien – même pas à eux-mêmes. Et s'ils feignent d’adresser au voyeur que nous sommes un Viens par là, que faisons-nous alors?

Nous ne bougeons pas. Nous regardons. Dans une sorte de béance du temps. Une telle peinture remet donc le voyeur à sa place.
Quant aux femmes, elles émergent juste afin que nos yeux sortent de leurs orbites. Ils arpentent leurs corps  avec appétit. Ou effroi.

 

Jean-Paul Gavard- Perret

 

Anne Van der Linden, Amour vache – peintures et dessins 2015 à 2020, texte de Christophe Bier et Xavier-Gilles Néret, Editions Eretic-art, novembre 2020, 212 p.-, 18 euros

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