Pierre Leloup : l’image la plus nue.

 

 

« Pierre Leloup, peintures »  du Musée des Beaux-arts du 8 novembre 2013 au 24 février 2014, « En compagnie de Pierre Leloup, Maxime Godard, photographies », Cité des Arts, Chambéry du 5 novembre au 20 décembre 2013, « Pierre Leloup, livres d'artistes », Médiathèque Jean-Jacques Rousseau du  7 au 31 janvier 2014.

 

Pierre Leloup a toujours eu besoin de casser l’image, afin de retenir en elle une force qui disparaît vite et trouver une intensité qui manque. Sans cette dernière toute figuration (ici celle de la peau)   manque de vie, de chaleur. Et par mise en tension du tactile l’artiste crée un effet de calme et de quiétude. La sensation quasi matinale du corps s’y fait proche. Le monde silencieux de la nudité est là. On ne peut l’ignorer. On le voit, on le sent, on l’écoute même. On peut presque le toucher. Pour autant si la couleur du derme entre par les yeux à aucun moment la peinture décline vers le fantasme. La vibration est là pour d’autres rêveries plus « fines » par  une peinture en délicatesse et précision.

 

 

 Le monde vibre en résistant à la lumière du corps par une secrète complémentarité qui maintient une tension lumineuse sur une vie secrète. De la femme peinte on ne saura rien. Il vaut mieux peut-être. Sa beauté est dangereuse. Pierre Leloup ne montre donc jamais le visage de ses modèles afin de nous préserver. L’effet de vibration ne passe que par l’effet de peau. Son calme apparent  travaille le regard, placidement comme si ce derme avait tout le temps pour lui. Plus besoin de démonstration de force : tout infuse par la douceur des roses mêlés de blancs et de gris et de leur pouvoir englobant. L’image la plus nue reste donc celle d’un invisible. Elle parle le corps, la sensibilité qui l’habite par simples effet de surface puisque - dixit Valéry - le plus profond en l’être est sa peau.  Reste sa paisible incompréhension où Leloup comme tout poète et peintre errent.

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

 

 Sur la seconde photo : Pierre Leloup (1955-2010) en compagnie de Michel Butor, photo de Maxime Godard.

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