Chrystèle Lerisse la cow-girl
Chrystèle Lerisse, « Vacha », Galerie HorsChamp place de l’église 77115 Sivry-Courtry, du 1er novembre au 22 décembre 2013
Fidèle au petit format noir et blanc Chrystèle Lerisse poursuit sa recherche d’une intensité noire » à travers sa capacité à synthétiser les recherches des maîtres de son art (Moholy-Nagy, Strand, Leiter) à celles de la peinture moderne et du cinéma. A travers la capure d’un « objet » aussi simple que la vache elle propose bien plus qu’une enquête patrimoniale. D’un animal aussi banal elle tire une forme d’essence de l’image et du paysage. Quittant l’urbain de ses dernières prises elle ouvre à une vision originelle du monde. Fondu dans le brouillard ou sobrement découpe l’animal à la fois épouse le paysage et devient fable du lieu.
Règnes animal, végétal et minéral se confondent. Chrystèle Lerisse ouvre une grande syncope de leur communauté inavouable. Une fois de plus le noir crée la lumière. Ne cherchons pas pour autant ici un symbolisme ou une mythologie mais une poésie « pure ». Il faut parler du courage de l’ombre qui cherche son semblable. La présence larvée de la lumière expose à l’incommensurable de sa perte. Si bien que là où toute figuation humaine disparaît la vache devient son écorce muette. Témoin de rien. Témoin de tout. Le noir est dedans : son impensable redevient présent. Chaque bovidé est un îlot. Chaque photographie témoigne de son réel. Qu’une brume grise l’écrase cela ne suffit pour l’animal à que sombrer dans son impalpable ténèbre.
Jean-Paul Gavard-Perret
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