Marcel Warmenhoven : une fièvre de cheval
Le sculpteur hollandais Marcel Warmenhoven crée un lien entre l’homme et l’animal : tigre ou cheval par exemple. Leur chemin bifurque quelque part. L’un va au paddock ou à la ménagerie, l’autre va vers son âme comme la vache au taureau. Ni les uns ni l'autre sont convaincus de leur choix. Mais l’animal n’est pas forcément celui qu’on croit. Souvenons-nous de Pascal « qui veut faire l’ange fait la bête ».
Les entrailles des animaux deviennent des charpentes. Elles ouvrent les profondeurs de l'être. Leurs yeux fixes sont défendus de lumière mais elle passe à l’intérieur de leurs corps. Quant à l’homme il n’est pas perché sur le cheval, mais reste à côté comme s'il subissait sa charge. Reste dans les deux cas la magie du bois. Il muscle et ossifie l’ensemble dans un splendide isolement.
Chez Warmenhoven le regard est toujours convoqué pour un rite païen par les fastes des corps. Chaque statue est moins ornementale qu'objet d'un cérémonial. Reste le jeu étrange entre l’animal et l’homme. Le premier domine car le second est mis à pied. L'œuvre propose à ce titre une phénoménalité étrange : entre la matière et l'espace elle invite à une incantation silencieuse. La dissémination même des morceaux de bois sécrète une unité poétique subtile. Dans le lacis inextricable une fixation a lieu.
Jean-Paul Gavard-Perret
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