Li Yongbin : éros et thanatos

Vivant et travaillant à Pékin Li Yongbin est arrivé à la peinture en autodidacte après avoir exercé diverses activités connexes : décoration, dessins animés pour enfants. Il a progressivement pris conscience que seule la peinture pouvait le satisfaire : « Mon cerveau a été comme brûlé, je ne sais rien faire d’autre que peindre… » Depuis 1986 il s'y consacre comme au vidéo art dont il est devenu un des maîtres sur la scène internationale.  Après s’être rapproché du « Mouvement des Etoiles »  qui regroupaient la plupart des premiers artistes contemporains chinois à avoir ouvrir la porte de l’avant-garde au début des années 1980, il s’en est éloigné et ne cesse de créer "dans son coin" des exercices d'abrasion. Surgit une poétique particulière du non lieu et du portrait le plus paradoxal : il donne à la maison de l'être un "domus" particulier qui tient d'une radiographie.


Li Yongbin cherche à savoir comment accrocher le mouvement dans une toile, comment donner une idée de la disparition dans un film vidéo. Il veut aussi donner à voir diverses positions, la  vitesse par la fixité et traduire la notion de temps en une seule scène. Il transforme le contexte réel ou imaginaire afin de rendre visible d’un seul coup d’œil les deux côtés du miroir de la vie et de la mort. "Désimageant" ses surfaces Li Yongbin se situe en deçà ou au-delà des principes les plus habituels de l'Imaginaire. Il emporte pour un voyage vers une vue sans dehors. Aucune barrière ne vient la limiter si ce n'est la noirceur ou la blancheur où le "neos" vient se dissoudre. L'être y demeure sans salut, sans espoir, sans consolation. Pathétique l'œuvre dégagée de tout lyrisme est aussi fascinante que poignante.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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