Jean Claude Bélégou : Les passagères
« Il y avait les pièces du rez-de-chaussée, les harmonies des variations des verts et des jaunes ; les contrastes de vert et de rouge, de jaune et de bleu. Il y avait sur le buffet deux livres ouverts sur des reproductions de Marcella de Kirchner, de Vermeer, et parfois de Mondrian. Egalement un peignoir que j'avais choisi parce qu'il était orange et rouge. Il y avait E., longue, un peu éthérée, qui venait souvent poser des journées entières et l'idée de la faire flotter dans l'espace dépouillé dans ces harmonies de couleurs, dans sa robe bleue, dans le peignoir orange » (Jean Claude Bélégou)
Il photographie la jupe que sans doute elle ôta
Elle sirène d'Ulysse devenu sédentaire
(Presbytère acheté à quelques temps de là)
Presque Pierrot d’amour, un doigt sur le miroir.
Une bretelle s'est décrochée
Qu’il a défaite c’est probable
Raison vite vole
Il voit le corps
Mais parfois il ne se voit plus corps
Robe qui dérobe le plus intime
Carte, paysage en fragments
Plan fixe Mouvement Suite ajourée
Tôt le matin.
Lumière sur le visage
Le corps en attente flotte ou coule
Déjà.
Choix de la reine Soule d’herbes
Louve cendrée à peau de figue
Gourmande de sa gourmandise
Ou plutôt rose fragile
Tendre parfum d’à-peine parfum de femme
Accord tacite A corps partagés.
Dans le regard tactile
Le toucher est lueur
Bras, jambes circulent
Ils ont besoin de place
Le corps est dans l'espace
Des filets de mémoire
Ne cessent de le sculpter
Avec regard plein les yeux
Du ventre aux épaules en passant bien sûr par le cœur
Chaque passagère moelleuse, démesurée
En ce qui s'entrouvre
Tant que faire se peut.
Jean-Paul Gavard-Perret
La série a été créée au Château d'Eau, à Toulouse, en juillet 2009 au sein du cycle « La Revanche de la Chair ». Huit tirages sont entrés dans les collections de la Maison Européenne de la Photographie en 2014.
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