C'est la fête à Pagnol !

Croyez moi, n’étant pas marseillais, je n'affabule ni ne galèje sur la durée, mais l’annonce de trois ans de commémorations à venir en région sud pour célébrer Marcel Pagnol m’incite à quelques rapides remarques à propos de cet écrivain provençal, malgré tout bien français ; cela en regard de la langue particulière qui lui a valu un si retentissant succès.
Qui de l’œuf ou de la poule… Eh bien non, en le domaine, rien de pareillement paradoxal : toute culture naît de sa langue !
Mais, n’empêche, derrière une – vue de loin – apparente unicité de la langue provençale, existent en vérité, et cohabitent, autant de Provence variées qu'il y a de parlers provençaux. 
Celui de la Provence dite de Pagnol – pour ne pas la qualifier de Provence basse, ce qui pourrait vite être interprété comme étant péjoratif – n’en est, en fait, pas un à plus d’un titre. Il est exclusivement le parler d’un certain territoire assez bien délimité, certes provençal, mais plus encore que méridional, méditerranéen, puisque irradiant à la ronde depuis la ville portuaire de Marseille où, au XIXème siècle, le français obligatoire a tout naturellement  commencé à – s’abastardir ? Non ! à se mâtiner et à se colorer de provençal, la véritable langue du pays, de corse, d'arabe et d’italien principalement ; car rien de plus perméable et par conséquent de plus évolutif qu'une langue vivante aux prises avec d'autres ! Encore plus, et encore plus vite, cela va de soi, sur un tel incontournable lieu d’échanges, de passage et d’immigration !
La résultante en a été l’émergence de ce que l’on appelle à juste titre le parler marseillais ; bien implanté, vivace, imagé, cocasse à souhait, et qui se parle finalement autant et tout aussi bien avec les mains que l’italien, avec les yeux, les pieds, avec tout le corps en vérité, selon la verve, le talent oratoire, gestuel et même théâtral de chacun…
À l’instar d’Audiard, par exemple, avec l’argot parisien, Pagnol y puise en fait à tout-va, d’abord au profit de son théâtre, puis de son cinéma, pour finalement se l'approprier en en faisant, plus qu’une simple fleur à son chapeau, la marque de fabrique (valant dès lors et du même coup signature authentique auprès du public) qui lui attire d’entrée le succès et même, bel et bien, l'instauration d'un véritable culte populaire, à qui il doit jusqu’à aujourd’hui encore, et peut-être à jamais, son incroyable célébrité...

André Lombard

PS : Pour les plus curieux : on peut lire dans le quotidien La Provence, édition des Alpes uniquement, la (toujours trop) courte chronique dominicale en lenga nòsta de Joan-Ives Roier traitant ces temps-ci de ce même sujet.

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