Nadia Viguier et les faisceaux de couleurs

Il existe dans les paysages de Nadia Viguier des jaillissements. En particulier chez ceux qui sortent - en apparence - du réel.  La nature échappe à la nature  par la puissance des couleurs. Celle-ci ne va pas sans un certain éros plus sous-jacent qu"'exposé" - ce qui est beaucoup plus subtil et profond. Même lorsque le paysage se fait plus proche du réel il existe encore bien des passages secrets. Si bien qu'on peut se demander s'ils ne représenteraient pas une sorte de limbes de l’être en prise à ses fantasmes une fois qu’il a osé basculer derrière le miroir.

 

Nadia Viguier ne cherche aucune dramatisation, elle montre une symphonie de couleurs où l'espace - qu'il soit ouvert ou fermé - devient presque onirique. Dans les toiles dont il est question ici tout  joue  sous formes d’épures où à la rigidité horizontale de mêlent des bouquets de verticales et d'obliques. L’espace créé devient une sorte de « borderland ». Il échappe à toute localisation précise et donne une sorte d’éternité à cet éphémère soudain figé.

 

L’humain - même s'il n'est pas présent - est appelé à l’horizon de tels paysages.

Surgissent des  phénomènes parfois connus, parfois inédits, des sensations mystérieuses. L'artiste ose un vertige par la métamorphose du réel en une scénographique  ouverte sur un inconnu qui parle à l'inconscient. Ce sont des espaces limites aux indices interstitiels. C’est pourquoi en sortant parfois des moyens indiciels de la peinture, l’artiste ouvre à la complexité qui marque le seuil de l'intime et de ses sédimentations en rapport avec l’espace qui l’entoure. Dans une telle dérive la réversibilité du regard progresse par  diaphragmes de transgression.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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