Black Magic woman – Mary Sibande

Mary Sibande rêvait de devenir stylisme avant de biffurquer vers les Beaux-Arts qu’elle mixe avec son orientation d’origine. Très vite les photos et installations de la Sud-Africaine sont reconnues dans le monde entier. La plasticienne s’y met en scène dans des costumes hybrides au croisement de deux cultures ou de deux milieux sociaux : celui de l’uniforme traditionnel de la bonne et celui de la robe victorienne de princesse. Cendrillon noire, la jeune femme scénarisée semble balancer entre la féerie et la galère des tâches ménagères. Partant de là, elle s’invente d’autres postures : Amazone chevaleresque à fière allure mais parfois simple et belle Pénélope retenue dans une toile d’araignée ou saisie en une trombe d’eau turquoise.


Mary Sibande pousse l’ordre dans le désordre, isole l’isolement, relie l’immobile à la pulsation, la folie à la raison. Elle fait se rassembler ce qui  est avec ce qui n’est pas, la candeur à la gravité, le corps et sa chimère, la pudeur à la sensualité. Le bleu ou le violet deviennent ses marques de fabrique. La plasticienne propose des histoires totalement oubliées ou encore jamais inventées. Ses princesses gardent  la tête  à l’intérieur de leur tête mais leur « je » est un objet perdu ou une étoile d’araignée. L’enfer devient le Paradis et vice-versa. A l’horreur du réel, aux mirages de l’imaginaire répond l’attraction de l’art. Il empêche Mary Sibande de succomber à la nuit absolue et la dépression organisée. Restent l’émanation et l’aspiration  poétiques portées dans une vitalité juvénile - ce qui n’empêche pas une certaine gravité. Au contraire.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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Elle rêvait de devenir stylisme parce qu'elle optimisme?