Michel POIX : L'ÉTERNEL RÉVOLTÉ.

Nul n'est prophète en son pays : Michel Poix n'échappe pas à la règle car il a peu exposé dans sa région natale, le nord de la France, où il est né en 1933, alors que ses sculptures sont visibles dans l'espace public, non seulement en France, mais aussi en Afrique du Sud ou en Allemagne et qu'il a exposé en Suisse, aux USA, au Luxembourg, en Italie, en Espagne...
(À Albert Camus, Paris Xème)

Il a su occuper une place originale dans la sculpture en métal, renvoyant par là à ses origines ouvrières où le contact avec l'outil ou avec la matière étaient quotidiens. De formation autodidacte, il n'aborde la sculpture que par le plus grand des hasards au début des années 60 et ce n'est qu'à partir de 1968 qu'il se consacre totalement à l'art. Son  œuvre peut se diviser en trois étapes correspondant à trois matériaux : l'étain, l'acier inoxydable et le cuivre. Cette présence du métal va faire l'originalité de sa sculpture qui réunit soudures et assemblage : pas de modelage, pas de taille directe, pas de fonte… Le vide remplace le plein car c'est autour du vide que Michel Poix va construire ses statues.

Son travail sur l'étain (qu'il maîtrise parfaitement pour des raisons purement professionnelles) donne naissance à des formes trouées, déchiquetées, crevassés qui dialoguent avec la lumière.
(Féminine révolte)

L'étain est un métal lourd et mou qui interdit le grand format. La découverte d'Albert Féraud vers 1977 le conduit vers l'acier inoxydable qui lui permettra de sculpter pour l'espace public. Mais l'acier va être aussi à l'origine d'œuvres singulières : il lui est alors possible de fendre en deux ses personnages comme en témoignent le "Porteur de nuages" (1979) ou "L'Homme qui s'habille de soleil" (1978) et de mieux capter ainsi le mouvement qui tend le corps humain.

(Le Porteur de nuages)

Puis dans les années 90, ce sera le cuivre, avec ses assemblages de plaques, qui retiendra l'attention de Michel Poix. Des œuvres plus intimistes, mais tout aussi dénonciatrices verront le jour, non sans un certain érotisme ou une certaine sensualité avec ses représentations du corps  féminin ("Aux Anges !?", "L'Écharpe" ou "Margot", toutes trois de 1992). Dénonciatrices avec "L'Arpenteur des solitudes" ou le "Guitariste chilien dans un stade", plus tardivement.

((Guitariste chilien dans un stade)

Michel Poix n'a jamais abandonné la figuration, ce qui ne veut pas dire qu'il a ignoré l'abstraction. "L'Oiseau Briard" (1991), une sculpture monumentale de 6 mètres de hauteur, installée dans le Parc du bois Briard à Courcouronnes, le prouve. Tout comme ce dessin, non daté, qui rappelle à la fois les silhouettes incarnées dans  les sculptures et les rémiges de "L'Oiseau Briard". Mais il faut voir dans son goût pour la figuration -qui ne méconnaît pas la recherche et sait éviter tout académisme- la volonté de ne pas hurler avec les loups de la mode ou du marketing.

(L'Oiseau Briard)

(Dessin)

Michel Poix est un artiste à (re)découvrir : loin des exercices stériles et des installations futiles, il ne cesse de glorifier par le métal la déchirante beauté de l'homme et de la femme, dans leurs luttes comme dans leur amour de la vie. Il est un honnête homme en cette époque qui en manque cruellement.

Lucien WASSELIN.

(Photos ; 1, 3, 4 et 5 : M Poix. 2 et 6 : L Wasselin).

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