Annie Attridge : éros céramique

Annie Attridge sait que la sensualité ne provient pas de la seule nudité mais de la manière qui permet non seulement aux êtres de s’envoyer en l’air mais de visualiser jusqu’à leurs différentes expulsions. Cela n’a pourtant rien de repoussant : et la manière dont sont constituées les œuvres y est pour beaucoup. Les femmes sont nimbées de la blancheur  des matins de lumière.  Offertes de manière faussement naïve entre un état de vision et un état d’évanescence elles témoignent d’une vie drôle et dégingandée. Elle ouvre surtout à une expérience intime de la sensorialité. Émane une impression que le temps s’est arrêté.


 Exister  revient à gambader au fond d'un instant sans borne. La réalité ne peut être qu'une hypothèse vague. Les couleurs et les formes viennent la sublimer. La beauté n’est donc pas seulement dans les choses mais surtout dans le regard qu’on pose sur elles. Et Annie Attridge atteint l’intensité par la fixité des silhouettes de ses mélusines obscènes. L’artiste conduit  au sein de leurs pulpes par le travail des surfaces qu’elle apprivoise afin de les transformer en intimités des plus radicales.  Tout est de l’ordre de la caresse et du frôlement.
Et soudain d’un corps féminin surgit l’inattendu qui ne peut se saisir qu’à l’intérieur de l’attendu. C’est une présence aussi claire que confuse dans une suite de jeux  de matière et de poses.  L’immobilité appelle le vent avec l’illusion que dans tout ce qui se défera rien ne s’abîme. L'inverse est vrai aussi.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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