Pour LUNa la plus simple image n’est jamais simple et peut produire
autre chose que la repousse des fantasmes. Ils peuvent même parfois lui faire défaut. L’artiste
cultive souvent des œuvres sophistiquées par exemple avec les séries Gate 20-21 et Landscape. Leur picturalité crée des rapports complexes car de
telles images deviennent « cose mentale ». Elles font glisser de
regardeur entreréalité
et fiction. Il doit reconstruire une narration, combler des vides voire
reconstruire sa propre histoire là où LUNa ne lui propose que des pistes et des
indices. Elle fait sienne la proposition de Foucauld :
« l'invisibilité profonde de ce qu'on voit est solidaire de l'invisibilité
de celui qui voit».
La frontière des mondes existant et possible se trouble, si bien
que les deux se conjuguent en
prouvant que le réel « fictionne » par frictions selon diverses
matières. Les dispositifs visuels (photos ou vidéos) immergent le regardeur
dans des modèles sculpturaux dans lesquels des vides mettent celui-ci en l’état
de reconstruire son univers mental et émotionnel. Le travail artistique se
double parfois d’un commentaire littéraire : dans « Opus-Culs », douze photos identiques de lit
défait et draps froissés sont soulignées par des phrases érotiques propre à
creuser l’intime mais aussi la distance puisque celui auquel l’artiste
s’adressait -avant de réaliser se projet - vivait au Canada. Manière de
marier le proche et le lointain, le désir et se réalisation fantasmée.
Les textes devinrent des
performeurs poussant plus loin le rapport de lafiction à la réalité dans ce qui tient
d’un possible spatialisé à travers composition, motifs, couleurs, lignes,
géométrie, lumière, plans séquences. Tout joue sur deux postulations :
une est documentaire, l’autre poétique. Territoire du quotidien et territoire
des possibles se marient à travers le propre corps de l’artiste : il
devient autant poétique que politique et s’élève contre les stéréotypes qui
visent à dépersonnaliser le féminin.
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