Diane Cazelles femme libre


L’œuvre de Diane Cazelles surprend par sa force. Eros y vibre entre ombre et lumière. La violence se fait sombre, mais - chose rare - l’énergie existentielle la domine. Pulsion et impulsion sont maîtrisées par une technique qui se moque du léché. L’artiste fait comprendre que le plaisir est comptable aussi de l'ivresse des formes. L’image est donc autant une opération de l’esprit que du corps et sort des définitions dans lequel l’amour se trouverait compacté. Selon une déclinaison et une gradation d'émotions, de prises et de danses  l’œuvre se moque du polissage des moeurs, de la police des conduites masculines. L'initiative revient aux femmes. Celles de Diane Cazelles osent, mettent le paquet  pour leur embarquement vers Cythère.


L’île ne génère plus  une nostalgique mélancolie. La Poétique de l'Imaginaire  ne crée pas forcément de doux secrets et des fêtes du cœur, ni un gibet à trois branches où de féroces oiseaux se disputeraient un pendu déjà mûr. L’amour devient force et liberté : il n’est en rien objet d’un pèlerinage et n’a plus rien d’un tropisme insulaire. Dans l’œuvre il est jouissif de s'y abandonner afin de redécouvrir une origo et de troquer l'histoire pour l'Utopie fût-elle de courte durée. Diane Cazelles n'est pas dupe de son illusion mais elle s’y tient. Corps et visages s’y  promènent, s’y abandonnent  en couleurs limoneuses d’une terre érotique aux moires particuliers et ce loin de procédés rhétoriques et de l'obsession fétichiste.


La créatrice refuse de  " pétrarquiser " en spiritualisant l' " objet " ou en  célébrant  de manière plus crue les voluptés.  L’artiste oublie les regards myopes que trop d’artiste portent sur le corps désiré. Elle permet par effet retour d'engager une vision fantasmatique dans une belle confusion des registres.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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