Ténèbres et étoiles : Sophie Fattal


 

 

En ses mises en scène du spectacle du quotidien Sophie Fattal porte bien son nom. Ses personnages semblent assommés par une sorte de destinée.  L'artiste la donne à voir de la façon la plus dégingandée afin que ce qui échappe à la vue surgisse sans excès ou voyeurisme. La créatrice construit ses œuvres comme des machines sidérantes en une ironie plus amère que violente. Fantôme ou réalité, chaque personnage semble fatigué  et se définit que par les dépôts que laisse "tant et tant" son quotidien.

 

Sophie Fattal a l'odeur de sainteté en horreur mais c'est une femme totale : "Je suis une femme, une femme peintre et plasticienne, une femme mère, une femme mûre, une femme active" dit-elle.  Derrière l'exhibitionnisme de ses personnages se cache son extrême pudeur. Tous ses tableaux sont teintés d'une sorte de tristesse : "Après la fête", "Retrait pluvieux" donnent les indices ce qui est passé ou de ce qui a avorté. Dans le guingois ou plutôt le déséquilibre des formes l'artiste trouve une manière de soustraire sinon le gris du moins le manque. Tout est là et rien n'est là. Dans leurs divers registres les toiles signalent une entrave plus suggérée qu'"étalée".  En leurs fantasmagories bancales elles possèdent en "cœur de cible" une étrange nostalgie. Nul  ne sait si une joie pourrait renaître de ses cendres.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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