Rues des boutiques obscures : Yusuf Sevincli


Les femmes de Yusuf Sevincli sont les anges noirs de bien des secrets. Chacun, jusqu’au photographe lui-même, tente d’épouser leurs nuages. Pour cela il faut tourner le dos à la désinvolture. Dieu est oublié :  ses déesses suffisent. Elles séduisent de leur air grave et bientôt de leurs soupirs.

Au besoin elles jouent les femmes presque enfants (le presque est important). Elles ne repoussent pas certains assauts car elles ne craignent rien : ceux qui viennent à elles sont désarmés. Elles s’amusent à les piquer de ses trais d’esprit et leur lancent des conseils à ne pas suivre comme dans « Eyes Wide Shut » de Kubrick et tout pourrait finir comme dans « Orange Mécanique ».

Elles ne se quittent pas, c’est elles qui gardent le choix de toute décision. Parfois leur sexe se déguste du bout des doigts mais leurs lèvres ne s’abandonnent pas forcément aux amants. Mais grâce à elles leur nuit est brûlante et la douleur s’oublie. Il  faut  au besoin battre sa coulpe pour qu’elles acceptent des caresses bien douces.

Dans chaque photographie de Yusuf Sevincli des flammes noires s’animent. Le cœur se noue à la tendre indifférence des femmes  et le corps à leurs jeux. Les abbesses du démon rendent l’émotion étrange : une cuisse entrouverte sur une autre et le tour est joué.


Jean-Paul Gavard-Perret

 

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