Bains d’effluves de Jan Cibula


 

 

Les nus de Jan Cibula brisent l’absolue clarté et poussent la représentation du  corps vers un certain angélisme. Les feuillets d’éros se tournent donc en de nouvelles perspectives. L’artiste ne refuse pas le solennel et l’épure mais les fait dévier : l'illusion est soulignée comme telle. Les roses à peine écloses  ne «servent » plus à une vision trop restreinte du corps et de ce qu’il suscite.

 

Les femmes semblent à tous les sens du terme « interdites » et parfois inter-dites à travers les graphismes qui leur servent de lit.  Le « son » du langage se retrouve au plus près possible de l’existence par la vision. Celle-ci permet d’aller vers le et les sens. Et si les mots ne compensent rien ; si écrire ne sauve pas - « Les mots sont des poux » dit Emaz - la photographie prend les relais en les épousant et les épouillant. Bref l’image reste motrice entre persistance du désir et permanence de l'obstacle.

 

Dans chaque prise Cibula  touche « un bout » du désir au delà des promesses terrestres dans la plus parfaite évanescence des lignes. Le tout dans la rigueur d’une savante géométrie aux opérations insolites, aux calculs sinon hermétiques du moins éthérés. La surface s’allège et s’étire en un jeu de lignes. Les corps s’allongent et progressent.

Le chaos cède à l’ordre, la fragilité fait le jeu de la force. La nudité devient la promesse d’un ailleurs exaltant, elle n’est pas là pour satisfaire des sensations dérivées. Les égéries se métamorphosent en étoiles filantes : un  état d’étrangement de la réalité suit son cours.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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