Tout ce qui reste : Annick Stei


 

Les photographies d’Annick Stei donnent la mesure de l'impuissance à être. L'effacement du corps est induit selon diverses scénographies qui ébranlent toute signification à l’image de ce qui se passe dans l’œuvre de Derrida où "le mot est le cadavre de la parole". L’image, peu à peu, se restreint, s'habille de noir, de sorte que, au sein même de la clôture de la représentation, Annick Stei crée un autre espace,  une sorte de chambre mentale vidée de sa matière.

 

La photographe dématérialise le caractère physique du corps, crée de nouvelles instances de représentation afin qu'un irreprésentable puisse apparaître : celui du vivant. L’œuvre laisse revenir ce qui a toujours été dissimulé.  L'être y vaque sans but. Il  est perdu, passif dans l'errance, dans une avance sans avance.

 

La femme, certes, reste présente mais en  « un présent n'existe pas" célébré par Mallarmé. Ses effets sont absents mais ils se manifestent pourtant. Ils disent  la présence de l'être qui recherche moins son image que sa vérité. L'attente glisse au silence - comprenez : on s'efface. Derrière ce voile de douceur et de calme, la nuit galope.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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