Les films noirs de Magdanela Wywrot


 

Dans ses portraits et paysages en fragments Magdanela Wywrot dévoile des films fixes à travers des photographies à la fois intenses et troubles. Les corps en attente flottent ou coulent. Le regard devient tactile, le toucher est lueur. Les êtres servent d’études en humantités blafardes. Leur vérité impénétrable et revêche,  se défile sans cesse là où les êtres affleurent plus ou moins.


Les photographies aussi léchées que simples donnent aux corps et aux visages une puissance particulière. Elles permettent d’atteindre une vérité qui n'est pas d'apparence mais d'incorporation temporelle. Dans leur diversité les portraits proposent une série de déplacements de la fonction d’instantané, d’encoche définitive, de marque fixe.


Chaque sujet apporte son flux d’opacité. Loin de tout « sfumato » ou de simple effet d’icône le corps se dévoile : il ne semble ni craindre ni désirer la prise : il l’accepte sans  cherche  à ruser avec l’objectif. La persona  est livrée au regard  pour déplier un secret mais il ne sera pas éventé.


Le portrait devient une muraille d'indice, un filon d'absence, un reflet de l'insaisissable. D’où la question centrale : de quoi les photographies portent-elles la trace ? Femmes ou hommes sont saisies  avec une certaine froideur jusque dans l’intimité la plus sensuelle ou mortelle. Demeure la gravité d’une portance cérémonielle de la photographie qui se refuse à l’effet de miroir où le fantasme cherche à s’abreuver.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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