Marie Claude Bugeaud "casse" dans la peinture ce qui fait peinture
mais tout en se battant avec elle par effet de trames, de traits. De couleurs aussi
pour en modifier le territoire. Refusant l'ostentation, l’oratoire visuel et l’ornemental
elle déplace le concept de beauté.
L’artiste trace, incise en
une recherche d’une simplicité qui ne peut se réduire au minimalisme.
L’émergence est autre. Il s’agit de faire bouger le tableau et de recouvrer
ses territoires perdus au fil du temps et de la culture. Proche d’un Jérôme
Boutterin, elle s’empare de données fondamentales de la peinture pour la
ramener à plus de justesse.
L’artiste renonce à « l’adresse » pour un geste plus
primitif loin de la dichotomie abstraction figuration. Jouant avec et contre la contrainte sa peinture prend une tension
nouvelle. Il s’agit de
provoquer une transformation de ceque
Deleuze nommait le « symptôme-monde » afin de lui donner une nouvelle
lecture, une nouvelle présentation (et pas seulement une représentation), une
autre circulation. La beauté devient
rebelle et sauvage en des images naïves, sourdes.
Au fond de l'absence, l'absence elle-même est donnée comme
présence absolue - le mot absolu est ici à sa place puisqu'il signale la
séparation éprouvée dans toute sa rigueur (l'absolument séparé) par ce qui
reste de
trames distantes. Elles deviennent nourrissantes et non des vides négateurs. Il s’agit
d’une disponibilité non sommaire dans l’esquive pudique de la toile dont la
carapace laisse prévoir - malgré tout - des hypothèses désirantes.
0 commentaire