Fabien Jouanneau : extension du domaine des surfaces

 

Fabien Jouanneau ne cherche pas à rassembler un monde ou à le défaire. Il s'agit plutôt de le dédoubler dans - entre autre - un effet de voile et de superposition. L’artiste crée tout autant une histoire de rythme par l'assaut réitéré de lambeaux physiques feuilletés dont toute « l’âme » n’a pas disparu. Au contraire. Car il existe une âme de la peinture comme celle des violons. On ne la voit pas mais elle semble jaillir par transparence. La forme tient à la fois de l’incrustation et du passage pour forcer à contempler en guise de « paysage » un agencement qui déplace les habitudes du regard et rappelle l’impossible épuisement du visible. Le tout selon une sérialité d’éléments néanmoins plus différents que répétitifs par éclats, Assomptions, plans, bribes ; facettes et épaisseurs.

Existe une sorte de « diaporama » singulier qui fixe des enjeux, des tensions. Chaque tableau digère l’anomalie des rencontres. Tout relève de la distribution, de la mise en espace. Le regard est obligé d’affronter ou d’intégrer des composantes et des plans contradictoires selon une « perspective » particulière de l’étendue au moyen des désynchronisations opérées sur des tableaux de factures impeccables. S’offre la possibilité de voir plans, trames et figures au sein d’un équilibre toujours fragile : trop appuyée la charge deviendrait pénible et galvaudée. A l’inverse, un cadrage pas suffisamment baroque : tout deviendrait anecdotique. Fabien Jouanneau évite ces deux obstacles. Existe la justesse d’écarts et d’accords. Tout demeure dans l’entre deux en une mise en scène empilée, coulissante. La ronde peut se poursuivre : retenons qu’un tel chantier est permanent.

Jean-Paul Gavard-Perret

www.fabienjouanneau.com/

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