Zola Jesus : les ballades du café triste

                   

 


Zola Jesus, “Versions »  (Sacred Bones / Differ-Ant)

Le « Versions » de Zola Jesus restera comme une des plus belles émotions pop des dernières années. Dégagées de la brutalité et des méandres de leurs premières versions les reprises de la new-yorkaise sont devenues des ballades vertigineuses. La voix de l’artiste y est pour beaucoup. Les orchestrations aussi. Se dégage une poétique de la fièvre ouatée. Le ravissement est étrange, imprévu, venu de plus loin en une production qui caresse et peigne les sentiments loin de tout pathos.

Album devient l’image même de l’amour et sa plus secrète hantise. Grâce à  JG Thirlwell (aka Fœtus), un des pionniers de la musique industrielle new yorkaise qui a participé à des projets qui passent du noise-rock à l’électronique abstrait en flirtant au besoin avec la musique de chambre,  il crée ici un écrin  somptueux pour Zola Jesus. Il a su oublier ses penchants lyriques et dramatiques pour aller vers l’épure.  Sur « Versions », grâce à lui et l’orchestre à cordes,  les approximations des albums passés sont oubliées. En sont écartés aussi les éléments électroniques qui structuraient de manière trop carrée les premières versions. Les titres s’allègent, ils deviennent des soupirs capables de fasciner un plus large public que celui des tribus techno-pop / industrielle où jusque là l’Américaine était confinée.


Zola Jesus reste là sur le fil d’un espace musical péri-pop qui la dégage des productions banales. Emane une mélancolie  qui a traversé l’Atlantique : des vagues européennes caressent les côtes de New York où la chanteuse est prête à couper des cœurs. Ils se perdent parfois dans des affres délicieuses entre deux abîmes : la recherche d'un monde perdu et à l'appel du néant.  Que demander de plus qu’une telle épure et aux couleurs du crépuscule ?

Jean-Paul Gavard-Perret

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