Philippe Fretz analogies et différences
Le
passage d’un passé iconographique réuni sous forme d’une planche s’effectue par
le vertige de la création de l’assembleur : Philippe Fretz. La thématique
du seuil et de la terrasse s’alimente des peintures de l’artiste : la
sauvagerie de son imaginaire reste douce mais en rien superficielle. La grâce est à la fois « à l’italienne »
(il y a du Chirico chez Fretz dans son appétit d’espace) mais sans outrecuidance.
Seuils et terrasses sont donc illustrés avec intelligence. La création s’accorde
à l’intérêt de la grande entreprise de recouvrement qui avance sans coup férir
en nourrissant l’imagination de l’artiste. Celle-ci est mise en miroir par rapport aux oeuvres
collectées pour créer un alphabet du futur - parce que l’avenir est dans le
passé qui ne doit pas être repris dans une peinture obsolète. Celle de Fretz
surprend par sa complexité sous feinte de simplicité. Le cheminement de ses « personnages » est presque impénétrable comme s’il
matérialisait à la fois la vacuité de tout projet mais aussi sa gloire. L’apparition
de la couleur et des formes est rappelée par les quelques lambeaux phrastiques
qui accompagnent chaque étape. Ici ils se rapprochent de la sécularisation
provisoire des octets. Ils permettent de trouver sur Internet ce qui nourrit la
recherche au moment où la puissance lumineuse de l’écran est
remplacée par celle de la peinture.
Jean-Paul Gavard-Perret
Philippe Fretz. Seuils et terrasses (suite), art&fiction, Lausanne, 2015.
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