Bernard Joubert : la ligne générale

L’œuvre de Bernard Joubert est largement méconnue. Il est vrai qu’elle reste aussi radicale que complexe. Son accès n’est pas facile même si depuis sa première période (la plus intéressante) ses grilles de lecture sont plus faciles à comprendre. Pour l’ouverture de sa galerie Alain Coulage ose présenter la période minimaliste et conceptuelle de l’artiste. Elle dérogeait à la règle puisque demeurait en elle une subtile picturalité presque cinétique. La méthode de l’artiste y est très rigoureuse mais laisse pourtant la place à une liberté. Des suites de déplacements fonctionnent autour divers segments. Et ce avant que l’artiste retourne vers une réflexion sur la peinture par certains de ses référents.

 

Plus que dans ce retour à la figuration dans les œuvres de la période retenue par Coulange , compte moins le modèle que sa perte afin de ne plus savoir à quel « saint » se vouer ( d’autant qu’il n’y en a jamais eu en peinture ) par un mouvement de déplacement et d’épure. Pour Joubert le lieu d’investigation est donc celui où la référence s’entaille, fait défaut, se vide de son sens.  Joubert savait  déjà qu’il convient de se maintenir toujours sur un fil ténu dans un travail dialectique entre l’image et ses éléments premiers. A l’époque  il s’agissait de perturber toute tangibilité extérieure au langage de la peinture elle-même. Chacune de ces oeuvres premières furent une épreuve  exemplaire, afin  de créer  des lignes d’ouverture pour donner une existence inédite et radicale   à ce qui  sera toujours une trace et à son dess(e)in en rompant avec l’imitation, la ressemblance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


"Bernard Joubert - œuvres 1980-1982", Galerie Alain Coulange, Rue de Montmorencey, Paris 3ème ., Mars 2015


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