Jephan de Villiers et nos monstres

                   


 

 

Les « totems » de Jephan de Villiers  perdent toute  valeur sacrée. Ils deviennent les colifichets – et les colis fichés – d’une imagerie transgressive. Ne refusant pas l’ornemental qu’implique tout rite et même tout travail de la pensée,  l'artiste  les détourne comme s’il protestait contre leur triple leurre : celui de la commémoration, du sacré et de la pensée. Le créateur compose une sorte de défiguration symbolique : à la croyance et à la dévotion fait place un montage où le corps vénéré est remplacé par  son image sculptée.


 

Jephan de Villiers  crée ainsi un autre type de fascination-répulsion. L’opération est violente. Certes on pourrait gloser sur les sens combinés des formes utérines et phalliques et toujours convertibles de marques de mort en celles de la vie. Mais l’important demeure avant l’affolement que propose une telle image. L’artiste propose une hérésie majeure qui renvoie la gloire céleste non à un en dessus mais à un en deça. Exit l’Assomption : nous sommes placés au sein de la réversion et du chantournement. Nous ne sommes plus portés vers le plus lointain au-delà mais dans le plus profond du dedans où nos monstres : ils dorment mais comme le font les plus dangereux des espions : ceux qu'on nomme les taupes dormantes.

 

J-P Gavard-Perret


Jephan de Villiers, « Terre d’Arbonie… Secret », Galerie Béatrice Soulié, Paris, du 28 mai au 11 Juillet 2015.


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