L’envers et l’endroit : Robyn Stacey

                  


La “camera obscura” est un des plus vieux procédés optiques. Il est connu depuis le 5ème siècle de notre ère. Ce phénomène n’existe originellement juste quelque heures par jour en fonction du soleil en relation avec une ”chambre”. L’image du monde s’y inverse en se projetant dans cette pièce. L’artiste australien a repris cette technique afin d’introduire des visiteurs dans un tel lieu. Il prend ainsi des images somptueuses qui offrent aux invités comme au regardeur une expérience particulière. Le monde non seulement est inversé mais extérieur et intérieur se mélangent.


Stacey a déjà présenté de telles oeuvres dans de nombreuses expositions solos ou de groupes. Entre autres dans “Magic Object: The Adelaide Biennial of Australian Art” à la Art Gallery of South Australia in 2016 et “Robyn Stacey: Cloud Land” au musée de Brisbane en 2015. Issues des installations visuelles, les photographies de Stacey répondent à un travail complexe. Elles augmentent ce que l’oeil perçoit de manière commune. L'aventure photographique est spectaculaire mais dans le bon sens du terme. Elle agit de manière poétique loin de toute version post pop d’un fétichisme du portrait. L’œuvre échappe à tout potentiel mimétique.
L'éloquence visuelle, le velouté éventuel des surfaces, le mouvement et les directions des formes, le jeu des vides, la vulnérabilité paradoxale, la légèreté ramènent à un fait  premier de l’art : la plasticité est avant tout une affaire de formes plutôt que d'objets. Le "sujet" de l'oeuvre est une empreinte. Celle-ci est à la fois un vestige et un état naissant, un point de vie prenant éventuellement racine sur ce qui disparaît.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Robyn Stacey, “Are you experienced ?”, - Camera Obscura event for FLAIR, Stills Gallery, Melbourne, 19-21 August 2016.


Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.