Bruno Aveillan : l’éther n’est pas forcément vague


Dans les oeuvres de Bruno Aveillan la peau ne fait pas de synthèse : elle se faufile, colle au voile, s’en dégage. Mais ce qu'on nomme associations d'idées ne vaut plus pour  de tels travaux. En dépit du voile ce qu'on nomme corps n'est pas plus un patchwork qu’un manteau d'Arlequin. Exit les couleurs sinon le blanc. L'empirisme couturier bâtit du fragile, de l’éphémère. Il possède généralement le sens des bords, cependant il n'assure aucune pérennité. Supposant le global, le lointain il ne diffère pas du local et de la proximité. Surgissent des liaisons parfaites qui proviennent de la nuit des temps et du corps.

La vue s'évanouit dans le toucher et le toucher dans la vue. Bruno Aveillan ne fait « que » (mais ce « que » est important)  tisser l'endroit par où le regard peut se nicher pour voir ce que les fils qui passent et repassent module . Le geste de couture réitère l'ouverture de l'œil en effaçant la dichotomie du cacher-montrer. Il en va du compact et du séparé. De l'absolument ouvert et l'absolument fermé d'avant même toute parole. Mais délier les mailles du tissu serait perdre le sensible. Nous ne pouvons visiter que le compact et le fermé mais néanmoins nous sommes, ici, dans l'ordre du voile et de l’éthéré.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Bruno Aveillan, « Ceremony », A Galerie, Paris, 18 novembre 2016 -14 janvier 2017.

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