"Thoreau – La vie sublime" : le père de la désobéissance civile croqué par Maximilien Le Roy & A. Dan

Où l’on retrouve avec appétit ce qui a fait le succès de Nietzsche, le précédent album. Et que l’on savoure déjà en vue du prochain, Gauguin loin de la route. J’ai toujours eu horreur des séries, ces BD où il vous faut cinq, dix ans, avant d’en voir le bout. Ici, c’est une histoire un album, et c’est très bien ainsi. Non une biographie, mais un récit sur ce qui a cristallisé la légende. Ce qui a construit l’homme et induit son œuvre. Pour ce qui concerne monsieur Henry David Thoreau, il s’agit de son incroyable sens du devoir. Celui de l’être humain. Pas du citoyen. Ainsi il édictera le principe du droit à la désobéissance. Une manière de dire non. De se dresser face à l’imposture, à l’immonde quand bien même cela implique d’être embastillé, car « quand un gouvernement est injuste, la place de l’homme juste est en prison ».

 

Thoreau fut à la fois un philosophe, un écrivain et un poète. Il considérait que les idées n’avaient de sens qu’à la condition de prendre corps dans une pratique effective et concrète. Brasser des abstractions pour une élite ? Aucun intérêt pour lui. Sa démarche invite à mener une vie philosophique au quotidien. Non à ciseler des concepts dans le seul but de noircir les rayons des bibliothèques. Ainsi son œuvre s’adresse-t-elle à tout un chacun. Il n’y a qu’à s’en emparer. Cette BD y participe.

 

L’album s’ouvre par de grandes planches avec très peu de bulles. Une manière de nous plonger dans l’atmosphère. Thoreau est revenu à Concord, Massachusetts. C’est le mois de mars 1845. Il n’a pas le moral. Son frère est mort il y a peu. Il est las de la mentalité des villes. Il pensait pouvoir créer une nouvelle pédagogie et fonder une école. Mais le décès de son frère a mis fin au projet. Il s’enfonce dans la forêt. Il y bâtit une petite maison en bois. Il se recueille. Dessine, écrit, réfléchit. De la méditation naitra les grands principes philosophiques qu’il défendra toute sa vie. À commencer par lutter contre l’esclavage. Au péril de sa vie…

 

Ce très bel album n’est pas que graphique. Même si les dessins invitent à la réflexion. La beauté des paysages envoûte. La nature s’impose au lecteur. La lecture devient sereine malgré certaines scènes d’une rare violence. Et on referme cette BD avec l’envie d’en savoir plus sur cet homme hors du commun.

 

Annabelle Hautecontre

 

Maximilien Le Roy & A. Dan, Thoreau – La vie sublime, album cartonné, 227 x 318, Le Lombard, août 2012, 88 p. – 20,50 €

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